Ce moment de bascule d’année est propice pour faire un point d’étape sur les projets numériques en cours, et pour partager les esquisses des projets en démarrage. Histoire de raconter les processus et les parcours, pour ne pas juste poser des résultats présentés sous leur meilleur jour sur un podium, à la fin d’un projet.
Ce qui m’intéresse plus particulièrement dans cet exercice, c’est de lister mes différents apports à ces projets au long cours, de manière à donner des exemples plus concrets aux pages Prestations de mon site – et pour tenter de décrire ce que je produis dans ce monde numérique.
En établissant ces listes, je suis frappé de voir à quel point il est difficile d’en faire émerger un rôle évident, ou de nommer un métier spécifique qui en serait l’expression.
Ce qui est bien différent de mes deux autres occupations professionnelles, que je mène en parallèle à ces projets au long cours: les prestations de réalisation vidéo et l’enseignement.
Qu’est-ce que je propose de particulier dans ce monde digital, qui serait nommable par un métier ? À part des étiquettes à rallonge, qui font souvent bien trop pompeux, je ne vois pas (encore).
Je pourrais lister au format du slasheur: architecture de bases de données / design de systèmes logiciels / conceptualisation d’interfaces et d’usages numériques / chef de projet / consultant pour la mise en place d’une stratégie digitale / éditeur web…
J’ai l’impression que je ne suis pas seul dans ce cas de figure: dans les métiers du numérique, les frontières entre les silos et les spécialistes s’estompent et tout devient bien plus « trans », polyvalent et flexible, bien plus fluide… parfois jusqu’au point où la technique s’efface, les idéologies s’évaporent, et on peut enfin bâtir quelque chose de nouveau à partir du tissage relationnel humain, qui vient avec son lot de réflexes et d’habitudes, de peurs du changement, de rêves de sens et de changements…
C’est du moins ce que j’ai envie de retenir de ces listes.
Parfois, une image (animée) est bien plus adéquate que des longues phrases:
L’outil de cartographie sémantique CompaSciences
Financé par l’IMI, ce projet de recherche a démarré en 2019 et va se poursuivre jusqu’à la fin de cette année, avec comme livrable la publication d’un outil web destiné aux journalistes, producteurs et décideurs médiatiques.
Je participe à ce projet à travers mon entreprise Memoways, qui est le partenaire privé d’un consortium institutionnel.
À ce titre, mon accompagnement consiste dans les tâches suivantes:
- être “l’interface” entre les développeurs et les responsables de projet, pour assurer la bonne réalisation des objectifs énoncés (notamment en facilitant la mécanique de récupération des données en provenance de la RTS);
- collaborer au niveau des fonctionnalités, de l’interface et de l’expérience utilisateur avec l’équipe de l’UNIL en charge du développement logiciel;
- contribuer à la réflexion sur la pérennisation du dispositif, une fois le financement de l’IMI terminé (avec mon expérience du monde des startups).
Pour en savoir plus sur ce projet, voici le billet que j’ai rédigé il y a une année:
À partir des diverses améliorations et tests utilisateur qu’il s’agira de mener cette année, l’enjeu sera d’intégrer efficacement cet outil dans l’écosystème de production des médias.
Avec en ligne de mire la question suivante: comment faire évoluer un projet institutionnel en direction d’un produit / service indépendant, qui puisse trouver sa place dans le monde réel ?
Voilà un défi de taille, qui correspond à ce qui m’intéresse au plus haut point: pouvoir contribuer à un service public de qualité, en proposant un outil qui peut vivre et se développer parce qu’il a trouvé sa viabilité économique.
La nouvelle plateforme web Avis d’Experts (AdE)
Ce projet est directement relié au précédent: en effet, l’outil CompaSciences tire toutes ses données depuis la base de données du site d’Avis d’Experts.
J’accompagne l’équipe d’AdE depuis 2019, en apportant les prestations suivantes:
- Rédaction du dossier d’appel d’offre pour la refonte du site web, avec les détails techniques et un wireframe du futur site;
- Analyse des offres et choix des prestataires techniques;
- Accompagnement du chantier de développement (en cours depuis fin 2021);
- Intégration de CompaSciences sous forme de recommandations et de visualisations de données.
Ces prestations ressemblent fortement à un mandat que j’ai fait entre 2015 et 2019, pour la plateforme Traverse. Je fais office de traducteur (entre les enjeux stratégiques et les réalités techniques) et de « guide », pour ne pas se perdre dans les méandres des infinies possibilités digitales…
Le défi de ce projet: proposer une expérience d’exploration qui attise la curiosité du visiteur en valorisant les milliers de sujets aux sources scientifiques, grâce à des recommandations contextuelles basées sur le moteur d’IA sémantique de CompaSciences.
Je reviendrais prochainement sur ce projet, pour décrire plus finement le fonctionnement de ces recommandations algorithmiques et pour développer un enjeu qui m’est aussi très cher: celui de la participation des utilisatrices et utilisateurs à la vie du site et la potentielle constitution d’une communauté (experts – journalistes – citoyens qui échangent sur des sujets de société).
Site web Fluxum
Ce qui a démarré sous forme d’une demande de valorisation des archives vidéo de la fondation Fluxum s’est transformé rapidement en projet de… transformation digitale.
J’apporte les prestations suivantes depuis 2019:
- Création d’une base de données pour le travail collaboratif, l’archivage et la publication sur le site web;
- Accompagnement de l’équipe au niveau des workflows et dans la formation des nouveaux outils à maîtriser;
- Être l’intermédiaire entre l’équipe de la fondation et les prestataires techniques (design et développement).
Voici la présentation que j’ai pu en faire en début d’année 2021:
La principale chose que j’ai appris sur ce projet, c’est de ne pas sous-estimer l’impact émotionnel qu’un projet de transformation peut produire pour les personnes impliquées, en relation aux habitudes et rituels connus, indépendamment des discours et volontés affichés.
Le temps nécessaire pour permettre à chacun.e de passer à travers toutes les étapes indispensables pour « accoucher » d’un projet transformateur n’est jamais prévisible !
Je donne quand même rendez-vous ce printemps pour des nouvelles…
L’application de médiation patrimoniale Traverse
Malgré les difficultés et les embûches qui se trouvent sur le chemin du projet Traverse depuis plus de deux ans (je ferais un jour un billet qui raconte les dessous bien déprimants d’un projet institutionnel financé par de l’argent public), j’ai toujours l’espoir que cet outil puisse tout de même servir pour des missions de médiation et de valorisation des entités publiques (patrimoine & culture).
Comme il s’agit d’un projet que je n’aimerais pas voir mourir d’une petite mort, il a droit à une grande capsule de présentation:
Pour que ce projet puisse continuer à vivre, il faudrait du succès dans les opérations suivantes que je mène avec Valérie Clerc (qui est la nouvelle collaboratrice depuis l’été 2021):
- Trouver et impliquer des clients payants à travers des projets spécifiques (adaptations localisées, ateliers éditoriaux, parcours thématiques…);
- À partir de ces projets et des besoins qualifiés, trouver le financement pour mettre à jour la plateforme au niveau logiciel et ajouter les fonctionnalités manquantes.
Je reviendrais plus longuement sur ce projet, parce que les enjeux qui y sont attachés sont intéressants à analyser, au-delà du projet lui-même.
L’atelier participatif « Des Cartes et des Rêves »
Dans le cadre de l’évènement bisannuel des HES-SO genevoises « Rêvons la ville de demain« , l’atelier que nous proposons aux étudiant.e.s en architecture de l’HEPIA va aboutir fin avril à la présentation de différentes cartes: une carte digitale interactive et des « cartes sensibles », sous forme de collages expressifs.
Ces cartes ont comme vocation d’exprimer de manière subjective diverses dimensions du vécu, les strates historiques et les ressentis actuels des divers acteurs et parties prenantes qui constituent le quartier entourant l’HEPIA.
Pour en savoir plus sur ce projet, voici le billet qui en donne les grandes lignes:
Je participe à cet atelier en:
- Accompagnant les étudiant.e.s dans la réalisation de contenus (méthode, technique et créativité)
- Construisant une base de données collaborative, pour les étudiant.e.s et les participant.e.s. Il s’agit de stocker, de contextualiser et d’enrichir des photos, audios, vidéos et interviews qui seront présentés sur la carte digitale
- Réalisant en collaboration avec le développeur David Hodgetts la carte digitale (voir ci-dessous pour un premier aperçu)
- Œuvrant pour que les résultats de cet atelier ne partent pas aux oubliettes une fois l’évènement passé…
Rédaction d’une étude sur mandat de Nouvelle Presse
Il s’agit d’un travail de rédaction analytique sur lequel je n’ai pas encore communiqué, parce qu’il n’est pas encore officiellement publié – cela devrait être le cas après la votation du 13 février. En effet, selon les résultats de la votation, les recommandations de l’étude prendront une résonance différente…
Le titre complet de cette étude est: « Aider la presse: stratégies et perspectives en Suisse romande. Des pistes innovantes pour promouvoir une information citoyenne dans les médias d’aujourd’hui et de demain. »
Le thème général de cette recherche, initiée sur mandat de Nouvelle presse, porte sur les aides directes et indirectes (publiques, privées, mixtes) permettant d’améliorer les conditions de production et de diffusion d’un journalisme d’intérêt public et de qualité en Suisse romande.
Présentation en ligne
Voici le flyer descriptif de l’étude:
En attendant que l’étude puisse être mise à disposition publiquement (je ferais un billet une fois que c’est le cas), voici le lien vers mes apports et analyses.
Cela fait quelques années que je développe une réflexion qui va au-delà des enjeux du storytelling cinématographique sur le web, parce qu’à mon avis le cinéma (comme toute autre forme artistique dématérialisée d’ailleurs) ne peut plus « vivre » seul dans son royaume, en silo fermé.
Pour résonner juste avec le monde dans lequel on vit, pour trouver une place adéquate dans les usages technologiques contemporains, les questions que devraient se poser le journalisme, les médias de service public ou le cinéma, entre autres, sont largement les mêmes – sur les principes.
Il est en effet question d’accessibilité, de modèles économiques, de plateformes, de contributions utilisateur, de services logiciels, etc…
Dans ce sens, les billets que j’ai rédigé sur la difficulté du service public de se projeter sur / dans le web et sur les problématiques et opportunités du journalisme sont les bases de réflexion qui ont nourri mes apports pour cette étude.
Mon rôle était:
- d’insuffler un « pourcentage digital » au sein de cette étude, en travaillant spécifiquement sur les questions et opportunités liés aux nouveaux usages numériques;
- de lister des pistes de soutien pour des d’offres en phase avec la réalité technologique et les usages actuels et naissants.
Voici la base de données (veille, état de l’art, références) que j’ai constitué dans le cadre de cette recherche:
Le web-documentaire « L’Île Invisible »
Ce projet est le seul de cette liste que l’on pourrait labelliser de personnel et d’artistique: il s’agit en effet de la création d’une expérience web originale, réalisée à partir d’un film documentaire existant.
Voici le billet qui décrit le projet, en cours d’élaboration:
Pour plusieurs raisons indépendantes de ma volonté, le projet est en standby actuellement; j’espère qu’il sera réactivé ce printemps, pour une finalisation et présentation dans le courant de cette année.
Ce projet est dans la lignée de ce que je développe avec ma société Memoways depuis des années: le responsive storytelling (ou narration combinatoire en français), et j’espère bientôt pouvoir présenter un exemple d’une expérience narrative qui s’adapte à sa navigation… un peu comme au temps de mon projet de films interactifs du dispositif Walking the Edit, mais seulement sur le web !
Les projets en devenir
Depuis le début de l’ère COVID, la formule « transformation digitale » a pris une nouvelle tournure, que j’aimerais interpréter comme suit.
Le digital fait partie de notre quotidien depuis pas mal d’années maintenant (on peut donc dire que nous avons déjà opéré une transformation digitale), mais nos pratiques et manières de fonctionner sont encore largement héritées du monde pré-digital.
Il y a donc un décalage pas toujours bien vécu – au mieux -, ou des souffrances – au pire -, dans les usages actuels des outils digitaux.
Il me semble que l’enjeu principal de cette transformation digitale est de remettre l’humain bien au centre de toutes les réflexions et actions, en sortant de la diabolisation réductrice des acteurs numériques et du solutionnisme technologique à tout va, qui sont les deux polarités à la mode qui transforment notre monde en film Hollywoodien bien trop binaire.
J’aimerais juste poser ici, en vrac, quelques questions et pistes de réflexions que j’aimerais aborder à travers les projets en cours, et surtout les développer de manière plus conséquente avec les nouveaux projets en phase de démarrage.
- Pourquoi est-ce que nous continuons de surproduire dans un monde qui a déjà bien trop de « contenus » ?
- Et pourquoi pensons-nous que juste pousser nos « contenus » dans le monde en payant des intermédiaires (communicants, publicitaires, distributeurs etc) va suffire ? Pas seulement pour rencontrer les publics, mais bien pour que les publics puissent véritablement entrer en relation avec ces « contenus » (et pas juste les consommer après payement) !
- Pourquoi est-ce qu’il est si difficile de ne pas pouvoir s’inspirer des pratiques nouvelles (et souvent vertueuses) qui se développent dans d’autres domaines que les siens ?
- Pourquoi a-t-on aussi peur de sa propre capacité d’être généreux, de laisser aller sa curiosité et d’enflammer celle d’autrui ? Je trouve tellement triste de voir autant de « rétention » (d’information, de générosité) et de peurs de partager ce qui nous est cher…
- Pourquoi le service public, les institutions publiques et les acteurs indépendants de la société civiles copient sans se poser de questions les recettes des géants du numérique, et appliquent leurs mesures de succès ?
Je m’arrête là – j’en ai encore d’autres en stock, que je formulerais mieux une autre fois, dans un autre billet.
Un prototype pour la communauté d’un film
Je suis en train de réaliser un prototype d’application mobile pour un producteur de cinéma, afin de créer un nouveau type de relation et de chaîne de valeur entre l’équipe de réalisation et les parties prenantes externes, plus ou moins engagées dans le projet.
Cela peut aller des investisseurs aux fans, en passant par des amateurs éclairés qui peuvent contribuer d’une manière ou d’une autre tout au long de la vie du projet.
Comme le projet est encore confidentiel, je ne peux pas en dire plus – mais une fois qu’il y a des premiers résultats, je partage ici !
Projet de transformation pour l’association Utopiana
J’accompagne l’association Utopiana dans son projet de transformation, pour lequel elle a reçu un soutien du Canton de Genève dans le cadre des mesures de soutien COVID-19 pour les structures culturelles.
Voici la description du projet:
Le projet de transformation proposé par Utopiana implique la conceptualisation et la création d’une plateforme digitale participative. Au-delà d’un nouveau site web qui mettra mieux en vitrine nos projets de recherche artistique, la future plateforme offrira un espace public digital vivant et interactif pour accueillir les processus, les expérimentations, et les réflexions engagés depuis 20 ans dans la communauté d’Utopiana.
Cette plateforme est indispensable pour les résidences, les ateliers de réflexion et les pratiques contemporaines situées que nous menons ; elle permettra de valoriser le travail accompli et favorisera la continuité vers une transition écologique dans le domaine des pratiques artistiques.
Ce projet de transformation est un échafaudage, une base solide pour rénover, élever et connecter les différents plans des activités d’Utopiana dans un environnement de recherche digital participatif et évolutif pour les artistes locaux et internationaux, actuels et futurs.
Je reviendrais tout prochainement sur ce projet, qui a démarré il y a quelques semaines.
Pour finir, j’aimerais remercier Catherine Baud pour la photographie que j’ai utilisé pour illustrer ce billet : )
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