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Réflexions

Et si… le cinéma embrassait le web ?

Quels seraient les enfants ou les fruits d’une union fusionnelle entre le cinéma et le web ?

Ce billet propose de projeter le cinéma dans un monde encore passablement inconnu, où le web ne serait plus seulement perçu, au mieux, que comme une puissante plateforme de distribution (une énorme photocopieuse) ou, au pire, comme un concurrent qu’il s’agit de mettre au pas (à coup de réglementations).

Aujourd’hui, s’il faut vraiment s’adonner à cette union – parce qu’il y a des injonctions à le faire – ce n’est pas vraiment la passion débordante, il faut bien en convenir.

Vu depuis la planète cinéma, le web est plutôt considéré comme un substitut de moindre qualité, « dans » lequel on peut produire pour moins cher (les web-séries, quelque part entre YouTube et Netflix), avec parfois quand même l’éclosion de projets aux allures cinématographiques, suscitant un certain intérêt (transmedia anyone ?), mais qui ne récoltent finalement que peu d’enthousiasme durable…
Toutes ces manoeuvres d’approche aux promesses printanières, pour finir (trop souvent) de jeter le bébé avec l’eau du bain.

La raison par les statistiques et le volontarisme par les impératifs stratégiques sont des tue l’amour.
Et qui aimerait vivre dans une monde sans amour ?

Alors reprenons au départ, bien avant le premier baiser.
Chercher ce qui pourrait faire étincelle, pour allumer la mèche d’un désir persistant… parce qu’il faut un déclencheur spectaculaire !
Sentir les rythmes et les spécificités de chaque entité… parce qu’il faut initier la danse du bon pied et ne pas se marcher dessus !
Sans oublier d’aligner les attentes sur la réalité et l’humain, pour ne pas enfanter de monstres !

Au risque de spoiler l’issue de mon histoire d’amour entre le cinéma et le web: ce qui devrait sortir de cette union n’est pas tant une nouvelle forme artistique (la dixième ?), qu’une évolution de nos mécanismes de pensée, pour remettre la valeur de la créativité au centre des interactions humaines.
Au service de la société, et pas seulement des stakeholders.
Un peu comme le changement climatique nous force – et c’est une chance ! – à reconsidérer nos modes de vie…

C’est à ce stade que la relative lenteur de l’art narratif propre au cinéma pourrait être un antidote parfait au réchauffement médiatique, qui embrase la société à partir des innombrables signaux de fumée sur les réseaux sociaux.
« Prendre le temps » devrait alors être notre premier pas: notre attention, dans son relâchement, pourrait ainsi peut-être percevoir à quel point le cinéma et le web peuvent (déjà) s’embrasser, avec désir…

On va le voir, les embûches et les obstacles, qu’ils soient le fait de préjugés tenaces ou d’une réalité économique normative, sont suffisamment nombreux pour décourager les quelques velléités de créateurs qui se disent, un jour: pourquoi pas adapter mon projet cinéma pour le web… ?
Parce que les raisons pour le faire ne manquent pas, on va le voir aussi.

Le roi est mort… vive le roi !

La principale raison étant que le cinéma ne va pas mourir, en tant que geste narratif fort.
Son support initial – le celluloïd -, a succombé au combat et les salles obscures passent un mauvais quart d’heure, mais ce ne sont pas les conditions sine qua non à la survie du 7ièm art. La condition essentielle du cinéma, c’est une histoire poignante racontée par un auteur, avec tout ce que ça implique.
Que ce soit sur un écran mobile, sa télévision ou sur grand écran… N’en déplaise aux puristes pour qui le cinéma n’existe que sur grand écran.

Comme la télévision, qui en tant que style de production d’images en mouvement, va continuer à exister, mais séparément de son vecteur initial (la bande magnétique et le signal électrique). Sa condition de survie, c’est une offre éditoriale qui rencontre des besoins: la bien mystérieuse notion de « service public » pour ce qui est des télévisions publiques, et la moins mystérieuse notion de « temps cerveau disponible » des télévisions privées.
Que ce soit avec la télécommande, le doigt, la voix, le regard ou la souris… N’en déplaise aux puristes pour qui la télévision doit rester réservée à quelques marques ayant l’autorisation d’émettre.

Devant ces changements dans la continuité – et contrairement à la peinture par exemple, qui est une forme artistique qui se pratique en dehors du monde numérique – le cinéma et la télévision feraient bien de ne pas jouer autant les seigneurs qui se retranchent dans leurs châteaux forts, pour protéger avec force pont-levis leur modèle économique face aux empires digitaux (les gatekeepers globaux), qui les encerclent de toute part.
Qui tient les leviers du pouvoir actuellement: ceux qui contrôlent l’offre (les producteurs de contenus) ou ceux qui contrôlent la demande (les plateformes web) ?

De restreindre artificiellement l’accès aux contenus, pour essayer de protéger la manière d’extraire un maximum de valeur de ce que l’on possède, est voué à l’échec dans le monde digital – à part pour quelques happy few (sur le refrain du winner takes it all).
La plupart des producteurs de contenus se retrouveront ainsi aux… oubliettes.

Et ceci alors que le niveau de la mer de contenus augmente exponentiellement: encore une preuve, s’il le fallait, du réchauffement médiatique.

On se retrouve alors devant deux questions épineuses: pourquoi encore en rajouter (alors qu’il y a déjà largement trop de contenus), et pourquoi s’entêter à vouloir jouer solo (alors qu’il est de plus en plus difficile de se faire entendre) ?

Au jeu de vouloir garantir le status quo, le danger est évident: si l’on continue d’opposer les silos plutôt que de penser et produire avec la magie des co-, trans- et inter- industrialisables par le code informatique (l’hyperlien est l’exemple le plus connu), le spectateur / utilisateur (l’humain !) ira naviguer vers les plateformes qui lui proposent une expérience forte. Avec comme prochain cap, le métaverse de l’industrie du gaming.
Là où les contenus viennent magiquement à soi, sans efforts ni friction…

Si nous continuons avec la dynamique actuelle, selon vous, qui va gagner entre Histoire Forte et Expérience Forte ? Question absurde, j’en conviens, mais elle a le mérite de secouer un peu nos préconceptions, non ?

Qui gagne ?

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Le pire, c’est que ce n’est même pas une question de prix à payer (sinon Spotify ou Netflix auraient déjà coulé), mais une question de commodité, couplé à l’effet réseau (la force des plateformes) et ce petit plus magique qu’est l’expérience utilisateur (qui va trop souvent profiter de nos biais cognitifs…).

Comme illustration et pour enfoncer le clou, cet extrait de la lettre de Netflix à ses investisseurs (repris depuis Stratechery):

Our growth is based on how good our experience is, compared to all the other screen time experiences from which consumers choose. Our focus is not on Disney+, Amazon or others, but on how we can improve our experience for our members.

We earn consumer screen time, both mobile and television, away from a very broad set of competitors. We compete with (and lose to) ​Fortnite​ more than HBO…

Cet état de fait pas forcément désirable n’est pas une fatalité: pourquoi toujours vouloir un gagnant ?

Des histoires s’égrènent sur le chemin de l’expérience… et l’expérience se consolide à partir de l’histoire qui se déroule.
On le voit, cinéma et web s’entrelacent déjà, bien plus qu’on ne le suppose !

Nous sommes peut-être finalement plus si loin d’une union fusionnelle, à qui il manque juste le rituel virtuel du baiser ?

histoire et expérience, cinéma et web
Qui imagine mettre des rails sur l’eau ?

Ce billet est pour vous, créateurs à la recherche d’horizons qui s’ouvrent au delà des routes héritées: nous ne sommes qu’au début d’écritures et d’usages à inventer, où il s’agit avant tout d’éviter de plaquer des recettes qui nous rassurent sur la naissance d’un monde qui nous fait (forcément) tourner la tête.

Rassurez-vous: c’est votre expertise, votre regard et votre sensibilité qui a de la valeur.
En ajoutant de l’assiduité, de la générosité et de la persistance dans le temps, votre apport à la société débordera le véhicule que vous utilisez habituellement: l’objet film pourra ainsi devenir projet web, si vous misez sur ce qui générera de la valeur pour l’ensemble de la société.

Mais avant de hisser les voiles vers ces horizons inconnus, pour continuer de filer la métaphore marine, regardons ce qui s’est joué sur la terre ferme, il y a quelques temps…

Back to the future, le retour

Retournons au début du cinéma, vous vous souvenez, quand le petit cinématographe gambadait encore dans les fêtes foraines… dans les laboratoires de savants fous… dans les têtes de quelques entrepreneurs… dans les délires de quelques artistes… pour aboutir, des années plus tard, à l’une des formes artistiques les plus puissantes jamais inventées.

Ses parents, la photographie et le théâtre, ne l’ont pas tout de suite reconnu comme rejeton digne (il ne se comportait pas comme il faut, d’après leurs codes). Mais quelques décennies plus tard, ils ont bien dû se faire une raison que le petit est devenu indépendant, et même plus puissant qu’eux mêmes.
Qui l’eut crû ? Son arme exclusive: le montage.

Capable à son tour de faire lui aussi des petits: ça a donné, en embrassant ardemment un signal électrique, l’art vidéo et la télévision…

Alors pourquoi ne pas recommencer avec le web, vu que ça a si bien marché avec les images électroniques ?

Il sera une fois…

Imaginons et rêvons un peu: que pourrait-il sortir de cette union ?

La réalité virtuelle ? Un mélange gaming et cinéma ? Du cinéma qui augmente notre réalité en s’y superposant ? Du cinéma génératif, basé sur nos données et des algorithmes ?  Une version « artistique » de la publicité programmatique, comme Bandersnatch, l’une des versions possible de ce que l’on nomme cinéma interactif ? La vidéo volumétrique ? Pouvoir marcher ses films, basé sur des vidéos géolocalisées et grâce à une application mobile ?

Que sortirait de l'union du cinéma et du web ?

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Cette profusion de formules (la liste n’est pas exhaustive !) n’est pas sans rappeler les expériences technico-artistiques qu’il y a eu avant la naissance du cinématographe… Vous vous souvenez des PhénakistiscopePraxinoscopeKinétoscope, etc ?
Sur quelle forme ou objet pourrait-on parier aujourd’hui, pour toucher le jackpot demain ?

Pour ne pas rester enfermé dans l’existant (et donc de re-produire ce que l’on connaît), je propose de ne pas viser tête baissée des (énièmes nouvelles) formes ou des objets (soi-disant disruptifs), mais plutôt d’imaginer des états (une qualité de ressenti), des types de relations (entre la personne qui donne et la personne qui reçoit), une dynamique et des modalités d’échanges…

En somme, d’imaginer une nouvelle chaîne de valeur.

Qui ne prend plus seulement en considération les besoins du producteur ou de l’émetteur, mais également ceux du récepteur. Que nous sommes tous, bien plus que nous sommes producteurs de contenus.
Une chaîne de valeur qui prend alors appui sur l’émergence de l’économie circulaire et qui parie sur l’intuition, couplé au bon sens, que le don précède la récompense.
Que la valeur, pour la société et tout un chacun, n’est pas tant couplée à la maîtrise d’un objet (comme le film nourri au sein réconfortant de la chronologie des médias), mais sur son usage évolutif dans le temps: comment on dissémine et on connecte ses propres questionnements avec ceux de la société.

Pourquoi ? Comme je l’explique dans mon billet sur les enjeux de la création digitale, l’informatique provoque des changements profonds dans la société, qui sont finalement bien plus culturels, philosophiques et politiques que technologiques.

Il ne tient qu’à nous de ne voir que le doigt (la machinerie logicielle, notre création) ou la lune (la promesse d’humanité, notre horizon).

Nous avons affaire à une « nouvelle dimension » qui est bien plus liquide et organique que tout ce que nous connaissions jusqu’à présent.
On a quitté la terre ferme, embarqués que nous sommes la plupart du temps sur nos navigateurs…

La vidéo sur Internet
Sans embarcation qui offre une persistance de l’expérience, on coule… corps et images

Dis-moi quelle est ta promesse… et je te dirais où tu vas

Je liste ci-dessous les promesses d’usages et d’expériences que pourrait proposer un projet de cinéma sur / avec / pour / dans le web.
Cette liste provient de mon billet sur les projets digitaux artistiques. Au delà de la recherche d’étiquettes (nécessaire ?!?) pour classer la création humaine (comme le webdoc, le transmédia, les nouvelles écritures, etc), je propose plutôt de « positionner » les oeuvres en fonction de l’usage et de l’expérience qu’ils promettent à leur public.

Dans quelle chaîne de valeur va-t-on opérer et créer ?

Statique.
Je raconte une histoire maîtrisée, même s’il y a des ramifications et des choix d’interactions possibles: tout est défini en amont, en « dur » (comme sur un CD-ROM). Je suis un héritier d’une démarche de type cinéma, un auteur qui met au monde un objet one shot qui doit se démarquer avant tout par son esthétique particulière, son sujet, l’originalité de son traitement formel, le prestige de l’équipe etc.
C’est la grande majorité des projets transmédia / nouvelles écritures réalisés à ce jour, parce que c’est bien adapté à la logique des financements publics actuels.


Dynamique.

Je propose une expérience variée, dans laquelle le spectateur / visiteur / utilisateur peut « vivre » une histoire, potentiellement personnalisée, car générée dynamiquement par exemple en fonction de mon cheminement à travers les contenus. Je suis dans la lignée de créateurs de sites web dynamiques, construits sur des bases de données, de performeurs (VJing etc).
L’interactivité est plus forte: on s’approche du terrain du jeu vidéo, qui représente l’espoir d’une industrialisation (et donc d’un marché !) pour les créateurs digitaux.


Évolutif.

Je construis un contexte d’histoires et d’expériences qui évolue dans le temps. La base peut être statique ou dynamique, mais la plus-value réside dans l’évolutivité de ma proposition. Je suis dans le sillage de créateurs de sites, de YouTubers qui exploitent un filon thématique particulier ou de Netflix.
Il faut avoir des entrées financières continuelles pour soutenir cet effort, ce qui n’est pas l’objectif des aides culturelles publiques.


Organique.

Je propose une plateforme qui combine expérience dynamique, contenus évolutifs et, potentiellement, prise en considération de l’utilisateur. Je met mon utilisateur (l’humain !) au centre du dispositif, en lui permettant de choisir entre une place passive et une prise de position plus créative ou participative (pour potentiellement devenir une partie prenante).
Je réfléchis comme un développeur d’applications, un urbaniste. Le coût de départ est élevé et il faut faire entrer un flux financier continuel: cela rend son financement très difficile, surtout en Europe.

Personnellement, c’est clairement ce dernier type d’usage et d’expérience qui m’intéresse le plus, parce qu’il est pour moi l’expression la plus proche de la promesse exploratoire de l’informatique (voyager), tout en intégrant la magie narrative du cinéma (raconter).
Un exemple ? Mon projet Walking the Edit.

Et vous, lequel de ces types d'usages vous inspire le plus ? 

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Tous ces types d’usages laissent présager que la fusion entre le cinéma et le web est déjà consommée. En effet, les opportunités de rencontre se sont démultipliées, la piste de danse est remplie de jolis couples.

En regardant bien, on peut voir deux types de couples: ceux qui aiment se raconter des histoires, où tout est bâti sur une identification nécessaire, avec une fusion qui demande un abandon complet. Et il y a aussi ceux qui aiment regarder ce qui est, sans attendre d’histoire particulière, qui peuvent s’abandonner et rester actifs sans avoir besoin de fusion.
Voici la fiction et le documentaire: autant en cinéma les frontières s’estompent (et c’est tant mieux), autant sur le web il y a une différence fondamentale. J’émet l’hypothèse que les projets documentaires sont plus « solubles » dans le web que la fiction – mais ça fera l’objet d’un autre billet, celui-ci est déjà suffisamment chargé.

Revenons à notre piste de danse, avec ses couples prometteurs… est-ce que l’on souhaite que des « one shots » ?

L’importance du relationnel

Toute histoire d’amour qui se veut durable ne devrait pas lésiner sur la qualité du relationnel. Aussi parce que l’on sait bien que l’argent ne fait pas tout… ce d’autant plus qu’il ne coule pas à flot, dans le circuit des projets hybrides.

Dès lors, pour la production d’un projet ciné-web, il s’agirait plus de définir sur quelles valeurs s’appuie la dynamique relationnelle que l’on désire instaurer entre l’émetteur et le récepteur, que de mettre l’entièreté de son énergie dans la maîtrise du style esthétique et formel de son oeuvre. Ce qui est déjà vrai pour le cinéma l’est d’autant plus pour le web…

La manière de créer de la relation (entre humains, entre contenus) deviendrait-elle plus importante que le fond (la thématique) ou la forme (le style, le genre) ?
Par ricochet, l’oeuvre pourrait-elle contenir une dimension « outil » et ainsi rencontrer la promesse de ce que l’on appelle oeuvre ouverte ?
La générosité apporterait-t-elle plus de retours sur investissement que la parcimonie et la retenue ?
La quantité (et la qualité) de métadonnées prendraient-elles plus d’importance que le nombre de pixels ?

Je vous épargne un nouveau sondage: ces questions n’ont pas de réponses univoques mais sont simplement des invitations à questionner ses propres schémas de pensée.

Toutes ces questions pour aboutir à une hypothèse sur la spécificité de ce qui pourrait être enfanté par le couple ciné-web: la création de relations serait-elle le nouveau montage, spécifique au web ?

Un montage, où l’on ne travaille plus seulement dans le temps (la timeline de notre logiciel de montage) mais aussi dans l’espace (la « spaceline » de notre architecture logicielle, l’espace de la page web)…
Un montage spatial, où s’expriment les choix éditoriaux, le préalable à une expérience qui fait sens, mais également où s’inscrit le choix du type de relation que l’on veut instaurer avec son public, le préalable à la promesse d’usage et d’expérience qui donne envie de revenir (ou pas).

La manière de rendre ces relations effectives dans un espace d’usage numérique prend tout son sens si et seulement si on « donne » le temps à son utilisateur. Comme on ne peut pas donner quelque chose que personne ne possède, il s’agit avant tout de lui donner les clés de sa propre expérience dans son temps d’usage.

Ce qui veut dire que:

  • l’utilisateur devrait pouvoir saisir / sentir la logique de l’arbitraire algorithmique parce que les résultats d’une action sont générés à partir de la mécanique de données qu’il a sous les yeux (et pas induites par son comportement, dans son dos). On visualise ainsi la logique de mises en relations, en mouvement… en étant partie prenante.
  • l’utilisateur devrait pouvoir choisir (consciemment ou pas) son degré d’implication et ne devrait pas être cantonné dans un rôle qu’il n’a pas choisi. Il n’y a rien de pire que de se sentir enfermé dans une catégorie réductrice et de subir un filtrage aux paramètres qui nous échappent. Je reviendrais plus longuement sur ces points là avec un billet spécifique prochainement.
  • l’auteur devrait pouvoir assurer un choix de non interactivité sans que ça nuise au sentiment de liberté de l’utilisateur. Parfois il faut imposer un temps donné pour protéger ce que l’on a à dire.

Du contenu au contexte

Sur le web, le contexte d’interaction (qui est forcément vivant, évolutif, partagé) prend plus de valeur que le contenu (qui est foncièrement statique, figé, attribué). Parce qu’il l’englobe, qu’il en est devenu la porte d’entrée. Comme l’expérience a tendance à entourer de plus en plus les histoires…
Autant les salles de cinéma n’ont pas plus de valeur que les films qui y sont projetés (à part pour les promoteurs immobiliers), autant les plateformes web ont plus de valeur que les contenus qui y sont déposés (même pour les producteurs de contenus puissants)… Les leviers du pouvoir ont changé de main.

La question qui se pose alors, face à la montée en puissance des plateformes web, est la suivante: comment faire pour ajouter une qualité artistique à notre contexte d’interaction (notre projet digital), pour induire une profondeur émotionnelle à la dynamique relationnelle que l’on a choisi ? Si on ne le fait pas, on risque de se retrouver avec une base de donnée qui s’expose, avec plus ou moins de grâce…

En d’autres termes: comment construire une plateforme (un site web) dont l’usage génère une qualité d’expérience qui n’a rien à envier à ce que l’on vit en regardant un film ?

Je crois que c’est principalement à cette question qu’il s’agit de répondre, en développant un projet ciné-web. En se disant qu’il est fort probable que la réponse ne soit pas satisfaisante du premier coup… et qu’il va falloir encore chercher plus loin, ailleurs, autrement.

Et si… on continuait sur la lancée ?

Ce billet est le premier d’une série intitulée « Et si… », complémentaire à mes épisodes Sortir la tête du guidon. Cette série va proposer de se projeter dans une sorte d’étude de cas en mode prospective, à partir d’industries spécifiques.
Je commence donc par le cinéma, puis je vais sans doute faire rebondir mon billet sur le journalisme en lui donnant une allure plus idéaliste (il faut rêver de temps en temps), tout en formalisant ensuite une osmose souhaitable entre la télévision et Internet…

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Pour aller plus loin

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