Le quatrième épisode de « Sortir la tête du guidon » propose une curation de liens par le biais de citations sur le sujet chaud du moment, l’IA.
Pourquoi en rajouter sur ce sujet, alors que l’emballement médiatique est proche de la saturation ?
Je trouve que face à cette surchauffe qui déroule trop souvent en mode binaire (fascination / répulsion), il n’y a pas assez de nuances, de mises en perspective, d’apports constructifs, questionnant nos propres réflexes et attentes démesurées…
Voici donc quelques liens, pêchés avec soin, vers des articles de fond, des réflexions, des outils et des informations que je trouve intéressants de partager. Comme je l’explique dans l’épisode 3, j’adore fouiller le web pour trouver des perles qui nourrissent ma curiosité et constituent le socle de mon travail quotidien.
Autant partager ces prises ! J’espère que vous y trouverez aussi de quoi faire chauffer l’intelligence humaine…
Chacun cherche à comprendre ce chat…
Pour commencer, deux billets complémentaires qui tentent une définition à la critique constructive:
Et un billet facile à lire, synthétique et bien illustré avec des exemples, par Benoît Raphaël (je recommande de vous abonner à sa lettre du dimanche): Le guide ultime de ChatGPT, tout en nuances et… sans carabistouilles !
Pour aller plus dans les entrailles, une description très technique, qui conclut que le langage humain est peut-être plus simple que nous le pensons…
Heureusement, il n’y a pas que les scientifiques qui se penchent sur ce chat, parce que ce qui est rendu possible avec le langage – pour les humains ! – n’est pas réductible à des règles et à une mécanique de création de « contenus », aussi sophistiquée soit elle (pour les machines).
J’aime bien cette citation, parce que cela nous remet en jeu, nous les humains, en disant: « un travail important et intéressant commence là où nous n’avons souvent pas le temps d’arriver, tout occupés que nous sommes par la production de contenus: il faut prendre soin des relations, des conversations, de nos communautés » (je reformule en traduisant, avec perte et projections…).
Jeff Jarvis nous invite aussi de ne pas nous arrêter à des métaphores comme « ChatGPT est un jpeg flou du web« : toute production humaine comprend aussi une compression avec perte, par le simple fait de reformuler quelque chose d’existant avec nos propres biais, nos propres raccourcis, notre propre vision du monde.
Cependant, il ne faut pas oublier que… « People’s lies are predictable, ChatGPT’s untruths are not »; « Harms may multiply as generated content propagates »; « Non-transparency may harm many users »… (source)
Voici un petit algorithme à faire tourner dans sa tête pour sécuriser tout le monde avant de se ruer sur ces outils:
A simple algorithm to decide whether to use ChatGPT, based on my recent article (https://t.co/tTzD0RAM0M) pic.twitter.com/rs9vr1lAvI
— Aleksandr Tiulkanov (@shadbush) January 19, 2023
Dans le registre « on retombe sur nos pattes », voici un court extrait d’un article critique que je trouve salutaire (et moins idéologique que l’analyse de Noam Chomsky):
Pour attraper des poissons, il faut rester tranquille
C’est sans doute botter en touche, mais il est « urgent » de rappeler que tout va très (trop) vite, et qu’il faut voir tout ça avec plus de distance et de calme… et apprendre des erreurs passées: move fast and break things n’est pas une recette.
GPT-4 sort ces jours; Microsoft s’emballe pour tenter de prendre Google de vitesse (tout en virant son équipe d’IA éthique), il pleut des millions sur des startups et les grosses entreprises commodifient l’IA partout où c’est possible pour garder un avantage concurrentiel, tout en enterrant vivant les startups qui ont reçu des millions…
Dans cette fuite en avant, il n’y a même pas encore eu le temps d’imaginer comment financer les coûts de cette IA; l’enjeu est de créer des usages captifs, puis de mettre en place des mécaniques de monétisation ensuite (un schéma classique). Il y a par exemple le « give-to-get« …
John Batelle livre quelques pistes possibles de monétisation via les usages:
Dans un autre registre, complémentaire au lien précédent, voici une analyse très poussée par la firme d’investissement a16z (qui ont énormément investi dans ces technologies, donc intérêt de savoir par où et comment l’argent va revenir), dit en résumé que les jeux sont très ouverts, malgré les coûts exorbitants qui réduisent le nombre de candidats:
La création, un antidote à la surchauffe ?
Je suis peut-être biaisé dans mon analyse, mais je me dis que de jouer avec ces outils est la « meilleure » manière de remettre les pieds sur terre: on voit très vite que d’arriver à un résultat utilisable avec ces technologies prend du temps. Comme pour tout apprentissage d’un nouvel outil, il faut développer une expertise spécifique (en l’occurrence, savoir prompter), tout en ouvrant un chantier pharaonique: comment faire pour que notre nouveau contenu synthétique / génératif soit visible et utilisable dans un espace médiatique de plus en plus saturé et compliqué à appréhender correctement ?
C’est ici que Dror Poleg vient avec une réflexion plutôt optimiste, en disant que des technologies comme ChatGPT sont « un anti-social web », et peuvent ainsi contribuer à atténuer les inégalités et la polarisation nourris par les algorithmes de recommandation des plateformes sociales:
Pour pêcher, construisez votre propre canne
Voici un recueil d’outils utilisant l’IA, pour vous amuser / vous perdre / devenir fou / devenir riche…
Et il devient aussi possible de faire tourner une IA (Meta LLaMA, du niveau de GPT3) sur un iPhone ou un Raspberry Pi… C’est technique, mais ce genre de portage existe déjà pour Stable Diffusion (j’utilise l’application Diffusion Bee sur mon ordinateur portable pour générer des images en local, avec des modèles que j’importe depuis Huggingface).
Pour varier quelque peu des citations (prises avec l’excellent outil Glasp), voici une vidéo de Kirby Fergusson (aka Everything is a remix) sur la question de l’usage de l’IA pour les créateurs, notamment sur la question épineuse des droits d’auteurs… Attention, c’est très américain (notamment sur le choix des extraits); mais son résonnement est intéressant, ce d’autant plus qu’il est construit avec beaucoup de pédagogie.
On reviendra sûrement sur cette question des droits d’auteurs, parce que dès qu’il y a beaucoup d’argent en jeu, cela attise les convoitises et fait vite tourner la tête.
À ce propos, les éditeurs qui ont une grande base de données d’archives peuvent se réjouir:
Pour terminer, mon flux de liens sur la thématique (principalement des outils et méthodes):
Ce billet a été rédigé sans aide de l’IA; par contre pour l’intégration des citations et des liens, je profite de toute une technologie qui elle carbure, entre autres, à l’IA; mon image illustrative a été générée sur base d’un reverse prompt engineering. Donc je ne sais pas si je pourrais mettre le badge de cette initiative de contenu « bio »:
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