Ce billet sert comme base de travail pour le workshop de création vidéo avec les smartphones pour les étudiants cinéma de première année de la HEAD.
Au delà des enjeux pédagogiques et stratégiques liés à cette intervention en particulier, je partage les ingrédients de ce workshop pour permettre à toute personne intéressée par les usages créatifs et participatifs des smartphones de pouvoir fabriquer son propre projet vidéo sur le web, de manière personnalisée et pérenne.
Le cadre du workshop
Il s’agit de créer, en moins d’une journée, une collection originale de courtes capsules vidéo qui seront intégrées dans le flux des réseaux sociaux à mettre en ébullition lors du prix du cinéma Suisse. Cet évènement aura lieu au BFM à Genève le 24 mars.
La mise en ligne de ces vidéos se fera en collaboration avec la SSR / RTS, qui est partenaire de l’évènement.
Comme c’est un évènement très select, sur invitation, qui vise en même temps un grand retentissement auprès du grand public, l’enjeu est de faire vivre cet évènement – au delà de sa retransmission télévisée – sur les réseaux sociaux.
Idéalement de manière proche, décalée, vivante, créative, de l’intérieur…
Les objectifs du projet
Pour les deux partenaires que sont la HEAD et la RTS, la création de contenus vidéos avec les smartphones est un terrain inconnu. Si l’on ajoute encore les nouveaux espaces de diffusion que sont les réseaux sociaux (c’est marrant à ce propos: les réseaux sociaux ont-ils vraiment avalé le web, vu que l’on ne parle plus que de Facebook ?), on obtient un cocktail qui semble très éloigné de ce que l’on considère être la création cinématographique ou même télévisuelle.
Comment concilier regards individuels, création collective, approches conceptuelles et improvisation nécessaire avec la « dilution » programmée des égos créatifs dans un flux que finalement plus personne ne maîtrise ?
Vu sous cet angle là, ça ne donne pas envie de s’y plonger (et de s’y perdre).
Mais si on prend un peu de recul et appréhende le projet sous forme d’une promesse de conversation vivante, organique et évolutive et pas comme une simple juxtaposition de monologues, ça donne une autre valeur à la proposition.
Ce projet est, dans ma compréhension des choses, un prétexte pour pousser les étudiants dans le bain des réseaux appelés sociaux et de les faire penser mise en lien / connexion / combinaison, comme on pense montage.
L’enjeu est donc bien de noyer personne et de donner envie aux cinéastes en devenir d’y revenir…
Avec la considération que le cinéma ne peut plus faire abstraction d’Internet, et que ce n’est pas l’un ou l’autre, mais idéalement l’un avec l’autre.
Comment ? Et bien, il faut commencer quelque part, via un projet comme celui ci, et essayer.
Sans préjugés, sans trop d’attentes ni de pression, avec curiosité.
Les objectifs du workshop
Très concrètement, voici les objectifs du workshop:
- Apprendre à créer des vidéos avec son smartphone, en choisissant les bonnes applications et en ajoutant les bons accessoires
- Se « libérer » des réflexes de création vidéo hérités (tournage avec une caméra, montage avec un ordinateur, diffusion avec un projecteur) et découvrir des manières de faire alternatives – au service d’un propos et surtout d’un partage (ce n’est pas Facebook qui a inventé le partage !)
- S’approprier les outils de création grand public dans une approche ludique, co-créative et démystificatrice
- Comprendre l’importance primordiale du flux de travail et s’approprier les bonnes pratiques pour ne pas se perdre dans des problèmes techniques.
Pour moi, les enjeux particuliers sont:
- Ne pas tout miser sur une publication aveugle en direction des réseaux sociaux. Facebook c’est bien pour atteindre les gens de manière efficace, mais une fois que les vidéos sont likées/partagées, ils disparaissent dans le tsunami des nouveaux contenus… Perdre son travail, sa mémoire dans Facebook – sérieusement ? Heureusement, il existe des solutions complémentaires, détaillées ci dessous
- Rassurer (ce n’est pas parce que l’on ne comprend pas ou on n’aime pas ce nouveau monde du web qu’il faut en avoir peur et lui tourner le dos) et stimuler la curiosité (chercher de l’inspiration au delà des recettes éprouvées). Faire sentir que ce que l’on partage avec le public n’est pas seulement un objet (un film) mais un regard, une sensibilité, des questions, des hypothèses.
La méthodologie de production
On dit souvent qu’un film c’est 80% de logistique (organisation, technique) et 20% de créativité. Ces chiffres (non scientifiques) sont surtout là pour nous rappeler l’importance du workflow, qui est au service de la créativité.
Voici un schéma qui pose à plat et en perspective les articulations entre des outils et des étapes de production.
A retenir de ce schéma:
- Il faut centraliser quelque part la « mémoire » des vidéos créées. Par défaut, nous allons utiliser YouTube: c’est gratuit et pratique; on peut aussi y stocker des vidéos non montées comme des segments de rushes, simplement en appliquant le réglage « non listé » pour ne pas les rendre publiques en tant que tels. Les désavantages: une fois qu’une vidéo est uploadée sur YouTube, on peut bien la partager (via l’url ou un embed) mais la vidéo originale ne nous est plus accessible pour d’autres opérations (telle qu’un upload vers Facebook par exemple).
- Il y a deux chemins possibles pour les vidéos smartphone vers le web: du smartphone directement vers le web (YouTube, Facebook) et en faisant un détour par un logiciel de montage sur ordinateur avant d’uploader sur Internet. Le détour via un ordinateur fait seulement sens si on doit faire des opérations de montage plus complexes, sachant qu’il existe des applications smartphone de montage vidéo qui fonctionnent plutôt bien (par exemple Videoshop).
- Ce schéma propose d’utiliser notre application web Kura pour gérer de manière collaborative les vidéos, pour ensuite proposer une navigation « orientée » via des playlists connectées sur la plateforme Comet. Kura se pose par dessus YouTube et permet de classifier les vidéos avec des labels, mais aussi d’ajouter à sa bibliothèque des vidéos qui ne sont pas les siennes. L’enjeu ici est de regrouper des contenus autour d’une thématique particulière – pour notre projet il s’agit de vidéos du prix du cinéma Suisse (trailers, interviews etc) – et de les regrouper en relation avec des contenus à soi. On peut ensuite publier un projet vidéo qui valorise son expertise, son regard sur un sujet particulier – pour notre projet de pouvoir lier par exemple des portraits de cinéastes avec des interviews et des extraits de films ou trailers. Tout en permettant des mises en liens entre films (à partir des enjeux, des lieux ou autres caractéristiques) avec l’objectif de proposer une expérience de découverte personnalisée pour chaque spectateur.
- Une fois que les vidéos sont centralisées sur YouTube, il est possible de valoriser les vidéos à travers des usages et propositions multiples. Voir le billet sur les plateformes de vidéo interactives, pour pouvoir apporter une valeur supplémentaire via des usages interactifs ou immersifs.
Pour résumer: si on réalise le travail de fond (stockage et classification des vidéos) correctement, il est possible de valoriser son travail bien au delà de l’usage très momentané de Facebook…
Proposition d’applications smartphone à utiliser
Maîtrise du tournage:
https://itunes.apple.com/fr/app/moviepro-video-recorder-with-limitless-options/id547101144?mt=8
Effets spéciaux lors du tournage:
https://itunes.apple.com/fr/app/slowcam-slow-motion-video-camera-realtime/id711410659?mt=8
http://www.slowmographer.co
https://itunes.apple.com/us/app/hyperlapse-from-instagram/id740146917?mt=8
Workflow complet: tournage, montage, postproduction, publication:
http://www.vivavideo.tv
https://pocket.video
http://www.videoshop.net
https://quik.gopro.com/fr/
Amusant, original:
https://fyu.se
https://itunes.apple.com/ch/app/boomerang-from-instagram/id1041596399?l=fr&mt=8
Quelques pages conseils et ressources
Je vais revenir sur ce projet avec un billet qui fera la retranscription (en vidéo idéalement) de ce workshop.