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Walking The Edit

Notes et réflexions à partir de la conférence au TechnoArk

Nous étions deux (J.F. Blanc et U. Fischer) à suivre le vendredi 30 janvier une conférence au TechnoArk de Sierre, sur le sujet de l’internet des objets. En gros, il s’agissait de réfléchir et de discuter sur le lien entre le réseau virtuel (internet) et les réseaux existants et à venir tissés dans le monde réel à travers les objets – un des liens avec notre projet se situe sur le fait de considérer nos médias comme des objets que nous plaçons et intégrons au monde réel.

Quelques notes en vrac sur les conférences qui ont retenu notre attention. Il y a eu au départ une très bonne conférence de Daniel Kaplan, qui a parlé (entre autres) des points que je retranscris avec une synthèse personnelle:
– informatique furtive / évasive (dans un but de faire place au contenu, de mettre en avant une expérience utilisateur centrée sur le contenu plus que sur la forme) versus informatique exacerbée / revendiquée (dans un  but de réapropriation, démystification). Ces deux tendances plutôt exclusives peuvent utiliser les mêmes fondements (hardware et software) pour amener et permettre une toute autre expérience utilisateur. WE choisit actuellement plutôt l’informatique furtive, tout en permettant une intégration du visiteur / spectateur dans le processus de création du film même afin de lui permettre une appropriation du contenu;
– liens entre les systèmes multiutilisateurs (multiproc; multitâche) et les dispositifs nouveaux qui peuvent avoir plusieurs formes voir plusieurs finalités: il s’agit de ne pas rater ou oublier en chemin les multiples présentation potentielles d’un dispositif (il faut penser multiples et non segmenter à une tâche, une utilité bien particulière). Par exemple l’aggrégation: connections entre systèmes existants; insertion dans une sorte de nouvel organisme qui est l’assemblage entre les nouvelles technologies et le monde réel (ses usages). Autant au niveau de ses potentialités créatives qu’économiques -> penser insertion, intégration, mise en réseau etc…
– responsabilité au  niveau du feedback (permettre une sorte de auto-régulation du système, qu’il puisse s’adapter, vivre et évoluer avec les usages); ne pas exclure l’utilisateur mais l’intégrer de manière personnalisable, qu’il trouve se place…

L’après midi il y a eu la conférence de Jean-Louis Fréchin, un designer français qui insistait sur les points suivants:
– l’importance des sens, du vécu, du rapport organique: un objet, une pratique ne peut pas être juste utilitariste, mais doit permettre la mise en route d’un ensemble de sens afin de pouvoir faire sens…
– le graphisme a une place importante dans cette construction de sens (notre précédent post a déjà indiqué ça) – mais plus précisément à travers le design d’interface. Et les interfaces ne sont plus que logicielles ou que matérielles, mais un mélange / équilibre entre les deux; le design doit aussi rendre compte du processus d’échange (de données, de sens et de sensations) en cours – il a une responsabilité centrale donc;
– d’une certain manière, disait-il, on assiste à une extension du domaine des objets (clin d’oeil à Houellebecq): on peut les inclure, comme dit plus bas, dans un fil (narratif, affectif, sensoriel) – et c’est surtout la dimension « temps » qui vient se rajouter à l’existence « espace » de l’objet à travers le fait qu’il existe de l’objet son passé, son présent et parfois également son futur de manière appréhendable.

Et voici quelques notes sur des réflexions que je me suis faites en rentrant de cette conférence:
– internet des objets: dans le cadre de WE, il faudrait parler d’objets-média (cf la définition du film-objet); c’est vraiment un objet que l’on peut voir en tant que tel, mais qui existe surtout à travers ses attributs (métadonnées) qui ne sont pas appréhendables comme lui (d’un coup d’oeil) et qui permettent de mettre cet objet-média en mouvement (dans le sens de mise en liens, le mouvement narratif);
– > WE: la place du cinéma doit se faire de manière complice et complémentaire à d’autres approches de l’enregistrement (et par ce biais, de « l’augmentation ») du réel: tracé GPS (données strictement insignifiantes en soi, sans contexte et lien avec sa genèse), enregistrement d’une analyse (automatisée, au niveau qualitatif et quantitatif) de données, puis conversion en une chaîne d’objets-média à la causalité maîtrisée;
-> WE: collecte d’informations (nos médias sont, pris indépendamment, qu’informations) – cela pose la question de la transformation d’une suite d’informations en histoire, en quelque chose d’organique, qui fait sens…

et…

– le fait de vouloir apporter une expérience utilisateur au niveau utilitariste uniquement (maîtrise, choix) piloté par des besoins d’ordre commerciaux, est louable, mais dans le fond, impossible ? un pot de yogourt peut il être « amplifié » ? doit-il être mis dans un contexte (une recette par exemple) pour prendre plus de valeur ?
– ça pose la question de notre relation aux choses / extension à la vie -> l’important est maintenant de souligner la perméabilité du processus – on rentre en relation avec quelque chose comme on peut entrer dans une discussion ?
– la face offerte / visible d’un objet n’est pas tout; il y a de plus en plus la connexion des liens invisibles (mais qui deviennent tangibles, exploitables, transformables) qui vient « éclairer » l’objet et lui apporter une valeur supplémentaire;
– notion de liens: finalement, de manière objective tous ces exemples de l’internet des objets n’est qu’une histoire de mise en lien – comment nouer un contexte, fait de choses, d’états sensoriels, de temps et d’espace ?
spimes = traduction / translation français qui a été proposée: qouq (quoi, où, quand ?). Objets reliés à un contexte et une histoire -> nos médias, placés géographiquement et qui ne peuvent qu’exister dans un tissage temporel (une histoire)…
– qu’y a-t-il de nouveau (et de vertigineux) dans tout ça ? n’y avait-il pas toujours eu des spimes (objets espace-temps) sauf que leur fil (de vie, leur histoire) n’était pas syndiqué (par exemple mis en flux RSS) ?
– cela pose la question à nouveau du côté « maîtrise » et sur-éclairage du réel à travers toutes ces nouvelles possibilités – quelle est le bon équilibre entre suggestion et information ? entre vue d’ensemble et vue partielle ? entre inscription dans un temps complet (passé, présent et futur) et un temps partiel (qu’il soit passé, présent ou futur) ? entre liaison à un contexte donné et liens à d’autres contextes ? etc. Comme piste de réflexion (critique), un article très intéressant de Nicolas Carr;
– au final, quel est le besoin, qu’est-ce qu’on y recherche ? on voit des approches de type marketing qui poussent le bouchon encore plus loin (mais les vraies questions de fond sont également repoussées), des approches « hype » (faire ce que tout le monde fait mais petit peu mieux – les aggrégateurs de services sociaux par exemple), des approches (assez vaines soit dit en passant) de maîtrise de l’humain (savoir diriger le flux de voitures, analyser le comportement d’êtres humains etc), ou comme nous l’essayons, de pouvoir intégrer l’humain dans un processus qui lie plusieurs moments et espaces différents à travers de objets audio-visuels…
-> devenir acteur dans un processus: autant au niveau des concepteurs que des utilisateurs: on peut mettre en place un dispositif plus horizontal, fluide, dynamique…

UF, 1.2.2009

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