Dérushage et segmentation vidéo

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Vous avez produit beaucoup de vidéos lors d’un tournage. Des interviews fleuves, des plans de coupe, des vidéo d’action etc.
Il y a du bon et du moins utilisable – mais il y a du potentiel dans les contenus…

Maintenant, vous voulez valoriser ces vidéos avec les deux objectifs suivants:

  • Réaliser un montage pour raconter votre histoire. De manière classique, avec un logiciel de montage comme Final Cut Pro ou Première.
    Mais y a-t-il vraiment qu’une seule histoire à raconter ?
  • Valoriser vos contenus (au delà de votre montage) sur les réseaux sociaux (Facebook etc) et via – par exemple – notre plateforme Comet.
    Vos rushes et vos archives contiennent des perles: pourquoi pas les valoriser ?
    Est-ce qu’il est nécessaire de passer par un processus de montage compliqué pour poster une vidéo sur Facebook ?

Vous avez maintenant un sérieux problème à résoudre: comment réaliser ces deux objectifs sans se perdre dans une masse de travail ?

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Cut to unbundle !

Ce billet (mis à jour en novembre 2019) vous propose des pistes de réflexion et de travail pour valoriser vos vidéos de manière complémentaire à la méthode classique, qui ressemble à ce schéma:

Pour aller sur les divers plateformes et portails il faut créer des variantes, ce qui peut s’avérer pénible comme le montre ce schéma: 

Alors que notre monde ressemble en fait plus à quelque chose de ce style:

Alors comment faire ? Quelques réflexions dans ce billet :

Bonnes pratiques pour créer plus de valeur à partir de vos vidéos

Voici les étapes à passer pour faire d’une pierre plusieurs coups (parce que oui, en travaillant de cette manière, vous vous donnez la possibilité d’exploiter vos contenus de manière multiple et complémentaire):

  1. Transfert des fichiers vidéos depuis sa caméra / smartphone sur son ordinateur
  2. Renommer les fichiers (et faire un backup dans la foulée !)
  3. Importation dans un logiciel de montage
  4. Dérushage (sélection des parties intéressantes, idéalement avec mots clé)
  5. Segmentation des parties intéressantes (sub-clips)
  6. Export des parties intéressantes en tant que fichiers à part entière
  7. Compression (si besoin) et upload

A noter que je ne vais pas entrer dans le détail du montage à proprement parler: il y a suffisamment de tutoriels et de cours qui abordent cette question avec toute la finesse qui s’impose.

Comme par exemple ce guide très professionnel et complet:

Ce sur quoi je vais me concentrer ici, c’est de voir comment on peut rendre la vidéo compatible avec le web… !

web-cine-001

Larguons alors les amarres…

1) Transfert des vidéos depuis votre caméra / smartphone.

Comme il y a des multiples manières de récupérer vos vidéos depuis votre appareil de prise de vues (câble USB, par WIFI, via le cloud etc), je vais pointer sur les choses importantes à considérer:

  • Certaines caméras vidéo enregistrent la vidéo dans un container (MXF par exemple): il faut surtout ne rien toucher ou renommer (sous peine de ne plus pouvoir lire et utiliser ses images !), et tout prendre à la racine (depuis le premier niveau de dossiers)
  • Préparez sur votre ordinateur un dossier nommé explicitement dans une hiérarchie du type: mes projets / nom du projet / rushes / date de tournage (format 2016-10-29)
  • ATTENTION: la vidéo pèse lourd, très lourd. En transférant ses rushes sur son disque dur de démarrage, il est possible de le saturer en le remplissant jusqu’à l’asphyxie. Il faut toujours garder au minimum 10 à 15% d’espace libre sur votre disque système, avec au minimum 20Go de libre. En remplissant jusqu’à raz bord, vous ne pourrez plus utiliser votre ordinateur au prochain démarrage…
    Du coup, stockez directement vos rushes vidéos sur un disque externe.

2) Renommer les fichiers

Le premier réflexe consiste à nommer correctement les fichiers vidéo: voici une page qui explique en détail comment faire.

Est-ce qu’il est possible de travailler de manière pérenne et collaborative avec ce genre de noms de fichiers ? Sérieusement 😳 ?

inexploitable

3) Importation dans un logiciel de montage

Comme il existe de nombreux logiciels de montage, il est impossible de donner ici les détails spécifiques, mais dans les grandes lignes il est conseillé de:

  • stocker ses rushes vidéos sur un disque externe (pour les raisons de place de stockage, comme expliqué juste au dessus). Faites des backups de votre disque de rushes 🤓
  • si vous le pouvez (comme dans Final Cut X), activez la création de métadonnées et analyse automatique des fichiers importés
  • organisez vos rushes au sein de votre logiciel de montage de manière à séparer les projets clairement: il faut protéger votre concentration et rester « focus » sur un seul projet et types de contenus à la fois. S’il s’agit de réutiliser des images entre des projets différents, si vous avez bien nommé vos fichiers à la source, ce ne sera donc pas un problème vu que vous pourrez chercher des contenus à partir des noms de fichier.

Une alternative simple et minimale consiste à utiliser un logiciel comme VidCutter, qui permet de segmenter des vidéos avec un effort minimal, comme montré dans cette vidéo:

Il y en a quelques autres dans le même genre, comme VideoProc (qui permet au passage aussi de télécharger des vidéos depuis le web).

4) Dérushage

Maintenant, la partie de plaisir commence…

rushes

Donc, pas tout faire en même temps – mais quand même:

  • évaluer la qualité, l’intérêt et le potentiel de chaque moment: il se peut qu’un moment (phrase d’une interview par exemple) puisse vous être utile dans une vidéo pour Facebook, et pas seulement pour votre montage
  • regarder donc chaque moment de vos rushes comme un moment unique, qui peut tenir par lui même, tout seul… Le montage peut faire des miracles pour faire dire quelque chose de spécifique à vos images – mais chaque bout de vidéo peut raconter aussi d’autres histoires. A commencer par celle qu’il raconte en tant que tel, sans « artifice » de montage !
    Prenez l’exemple de cette boucle vidéo ci dessus: elle raconte quelque chose en tant que tel, mais à l’intérieur d’un film, ce plan va encore prendre une autre place, une autre signification…
  • alors, pendant que vous regardez les images, vous êtes actifs: l’idéal (et la forte recommandation) c’est de noter vos évaluations et d’enregistrer vos choix directement sur la « matière première ».
    Une manière de commencer par le plus important, c’est de segmenter: on y arrive.

5) Segmentation

La segmentation consiste à définir une plage de contenu dans une vidéo, comme ça:

s0502_editrangetool

Simplement, c’est d’indiquer un début et une fin (donc avec une durée) d’un moment vidéo qui peut fonctionner en tant que tel.

Quoi segmenter ?

  • enlever les parties qui sont gênantes (hésitations, problèmes techniques etc)
  • se concentrer sur une action principale: idéalement, le segment que vous voulez garder contient quelque chose (action, réponse, phrase, mouvement…) qui fonctionne « tout seul »
  • faire attention au son: il ne faut pas seulement définir le in/out selon l’image, mais aussi selon ce qui se passe au son – il faut donc éviter les sons forts en début ou en fin de plan.

Concrètement, tout dépend du logiciel que l’on utilise:

Cette dernière fonction a le mérite de faire d’une pierre deux coups:

  • garder les sélections de plages intéressantes avec leur qualification (mots clef descriptif du moment) pour le montage
  • se créer une base de connaissances à partir de ses contenus vidéo; à partir de là, il est possible de valoriser les vidéos pour ce qu’ils sont en tant que tels, et pas seulement en direction unique du film que l’on veut créer, de l’histoire que l’on veut raconter.

Bon – mais comment garder les sélections de plages au delà du logiciel de montage et pouvoir les exploiter ailleurs (sur un autre logiciel, sur le web…) ?

6) Export

Il y a deux types de fichiers à exporter:

  • le montage (ou les diverses versions du montage)
  • des vidéos (montées ou pas) à exploiter sur le web, pour réaliser des projets de vidéo interactive (voir mon billet sur les diverses applications existantes) ou pour une mise à disposition de vidéos dans une application mobile…
    Il n’y a pas que des montages avec titre et générique qui comptent aujourd’hui !

Comme nous sommes sur un ordinateur, nous pouvons théoriquement:

  • exporter directement à partir de votre sélection la portion vidéo qui vous intéresse. Pas idéal, mais le plus direct si on a un besoin spécifique;
  • exporter par lot (plusieurs fichiers en une seule traite) à partir des plages définies dans les clips du navigateur. Dans Final Cut Pro par exemple, on sélectionne les clips dans le navigateur et on fait Fichier > Partager (X clips / Y segments dans les X clips). Pratique et efficace !

7) Compression et upload.

Selon la provenance des vidéos (caméras qui génèrent des vidéos peu compressées, et donc trop lourdes pour être uploadées sur le web), il est nécessaire de compresser les fichiers exportés avant l’upload sur le web (YouTube etc).

Une autre alternative consiste à compresser les vidéos avec un logiciel dédié (comme Compressor ou Adobe Media Encoder), puis à les uploader sur Youtube et consorts depuis les pages web des plateformes vidéo.

Et last but not least: ne pas oublier de faire des backups !

;-)